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WHO WE AREIOM is the leading inter-governmental organization promoting humane and orderly migration for the benefit of all, with presence in over 100 countries. IOM has been active in the East and Horn of Africa from the early 1980s.
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Our Work
Our WorkAs the leading inter-governmental organization promoting since 1951 humane and orderly migration, IOM plays a key role to support the achievement of the 2030 Agenda through different areas of intervention that connect both humanitarian assistance and sustainable development. Across the East and Horn of Africa region, IOM plays an important role of protecting, assisting and supporting migrants.
Cross-cutting (Global)
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La Patrouille Mobile
Ce matin c’est Abdallah qui est allé chercher la commande de 300 baguettes à la boulangerie. Il a rapporté les 10 sacs de pain à la cuisine puis il est remonté dans la voiture pour commencer la collecte de ses collègues au rond-point à partir de 7h45. Depuis trois ans il fait partie de l’équipe de quatre chauffeurs de l’OIM à Obock, dont l’un est souvent en mission à Djibouti. À eux quatre ils assurent le transport quotidien des équipes et les déplacements sur le terrain, le ravitaillement du Centre d’Orientation et d’Assistance des Migrants (COAM), le transport des malades entre le Centre et l’hôpital d’Obock et la conduite de l’ambulance à l’occasion des patrouilles mobiles. À l’évocation de ces sorties quotidiennes dans le désert, le débit de paroles d’Abdallah s’accélère et ses yeux se mettent à briller.
Tous les jours de l’année, même en période de khamsin, une voiture chargée de plusieurs dizaines de litres d’eau, de médicaments, de dattes et de barres énergétiques, quitte le COAM en fin de matinée ou en fin d’après-midi en direction de Moulhoulé, à environ 70 km au nord d’Obock, pour trouver des migrants en détresse qui auraient besoin d’assistance médicale ou simplement de repères, ou d’eau. À bord, le personnel de l’OIM assistant les migrants les plus vulnérables, souvent en état de déshydratation et très affectés par les conditions climatiques extrêmes de cette zone.
« Ce sont nos relais dans le nord, nos agents DTM (Matrice de Suivi des Déplacements) ou les populations locales le long de l’axe du corridor, qui nous appellent pour nous signaler la présence d’un groupe de migrants dans la zone de Khor Angar ou de migrants isolés égarés. »
Depuis plusieurs mois, l’ambulance sort aussi jusqu’au lac Assal (dans le désert du Danakil, au centre de Djibouti), une autre route sur le corridor migratoire.
Commence alors une course contre la montre consistant à chercher des traces de passage, des empreintes, n’importe quel indice permettant de tourner le volant dans une direction plutôt qu’une autre en perdant le moins de temps possible « car la vie d’un individu peut dépendre de notre capacité à le trouver et c’est parfois une affaire de quelques minutes » ajoute-t-il dans un sourire timide.
Abdallah a autant d’histoires poignantes à raconter que de sorties effectuées à son actif.
« J’ai vu des gens dans des états de très grande vulnérabilité, des morts, j’ai vu des hommes aux corps décharnés s’accrocher à la vie en buvant leur urine, j’ai creusé dans le désert avec le docteur pour enterrer des cadavres ; nous sommes parfois arrivés trop tard, nous avons sauvé beaucoup de gens, j’ai observé des regards éteints s’animer à nouveau à la vue d’une simple bouteille d’eau. »
Depuis trois ans qu’il travaille avec l’OIM, le chauffeur a appris les langues amharique et oromo pour être en mesure d’échanger avec les migrants, ainsi que les gestes de premier secours. Il raconte que lorsqu’il rentre en voiture de Djibouti à Obock avec ses enfants, ils achètent systématiquement du pain et de l’eau pour les distribuer à celles et ceux qui marchent sur le bord de la route sans rien.
« C’est important pour moi de sensibiliser ma famille à cette réalité qui est mon quotidien. Je n’aimerais pas que mes enfants détournent le regard de ces femmes et de ces hommes qui risquent leur vie alors que nous allons confortablement rejoindre notre maison. « Si tu aides sans rien attendre en retour, tu seras aidé »
Récits extrait du recueil « Obock, à la croisée des routes de l’Est » écrit par Agnès Matha à partir de ses rencontres avec des personnes hébergées dans le Centre d’Orientation et d’Assistance des Migrants de l’OIM à Obock. Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre du Plan régional de réponse aux migrations pour l'Est et la Corne de l'Afrique et le Yémen, grâce à la généreuse contribution de l'Union européenne, de l'initiative conjointe BMM financée par l'Union européenne et le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), coordonnée par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), et du Bureau des États-Unis de la Population, des Réfugiés et des Migrations.